Le Pentax Auto 110

Nous sommes en 1979 et le format 110 commence à battre de l’aile, mais ce n’est pas ce qui empêche Pentax de lancer l’Auto 110. Plus de 40 ans plus tard, il demeure l’un des plus petits appareils photo reflex à objectifs interchangeables jamais fabriqués.

110

Difficile de présenter ce boîtier sans glisser un mot sur le type de film qu’il utilise : le 110. Conçu en 1972 pour simplifier la tâche à l’utilisateur, la pellicule était montée à l’intérieur d’une cartouche en plastique qu’on insérait directement dans l’appareil. Une fois le film exposé, pas besoin de rembobiner, on retirait simplement la cartouche et le tour était joué. Le format 110 était en quelque sorte l’équivalent miniature du format 126 inventé par l’ingénieur Hubert Nerwin pour Kodak dans les années 60. Cependant, si la surface d’exposition du 126 était de 28 mm x 28 mm, celle du 110 ne faisait que 13 mm x 17 mm.

Plusieurs manufacturiers ont fabriqué des appareils pour ce format. Il ne s’est malgré tout jamais imposé. Sa petitesse était certes un atout, mais les images obtenues souffraient de la comparaison avec des formats plus grands comme le 35 mm. Kodak a officiellement cessé d’en produire en 1994, puis Fujifilm a fait de même début 2000. Il y a quelques années, Lomography l’a ressuscité et on peut à nouveau s’en procurer.

Plusieurs manufacturiers ont fabriqué des appareils pour ce format. Il ne s’est malgré tout jamais imposé. Sa petitesse était certes un atout, mais les images obtenues souffraient de la comparaison avec des formats plus grands comme le 35 mm.

Système Complet

Le Pentax Auto 110 était la pierre angulaire de tout un système. Sa boîte cartonnée, à peine plus grosse que celle d’un puzzle de 500 pièces, loge le kit complet. Il existe des versions où la boîte est remplacée par une mallette métallique qui aurait tout pour séduire James Bond (époque Roger Moore). En plus de l’appareil, l’ensemble comprend : une courroie, un étui, trois objectifs aux focales respectives de 18, 24 et 50 mm, un flash, un moteur, et tout un assortiment de filtres, pare-soleils et bonnettes d’approche.

L’appareil

Entièrement en plastique, l’Auto 110 est ultra léger et tient, accompagné de ses trois objectifs, dans une main. Il passerait facilement pour un jouet, mais ça n’empêche pas la prise en main d’être confortable. Les objectifs n’ont pas de diaphragme et leur ouverture est fixe à f/2,8. Ce sont deux lamelles montées à même l’obturateur qui se chargent de régler l’ouverture (de f/2,8 à f/13). Lorsqu’on appuie sur le déclencheur, une savante danse s’opère dans les entrailles de l’appareil : les lamelles se resserrent pour bloquer toute lumière et le miroir se lève libérant ainsi la voie à la pellicule. Les lamelles se positionnent ensuite à l’ouverture requise le temps de la pose (entre 1/750 s et 1 s) et se referment aussitôt, puis le miroir reprend sa place empêchant tout accès à la pellicule et les lamelles se redéploient complètement.

C’est l’appareil qui dicte le rythme de cette chorégraphie complexe en se basant sur la mesure TTL. L’utilisateur ne connaît ni ne contrôle la vitesse ou l’ouverture. La seule indication qu’il détient est la suivante : si le voyant lumineux dans le viseur est vert, le temps de pose est plus rapide que 1/30 s. S’il est jaune, la vitesse est plus lente et vous risquez un flou de bougé.

Origines obscures

Bien que les preuves soient introuvables, des internautes prétendent que l’Auto 110 serait né des cendres d’un autre appareil, le Minimax Pocket 110 EE. L’objectif de ce dernier est fixe et on en aurait guère fabriqué plus de 200. La rumeur veut que le manufacturier, Sugaya Optical Co. possédait déjà les plans et le prototype d’un appareil similaire à objectifs interchangeables. Devant l’ampleur des coûts pour développer le système, l’entreprise aurait plutôt choisi de vendre le concept à Pentax, qui s’en serait inspiré pour développer l’Auto 110.

Bien que les preuves soient introuvables, des internautes prétendent que l’Auto 110 serait né des cendres d’un autre appareil, le Minimax Pocket 110 EE. L’objectif de ce dernier est fixe et on en aurait guère fabriqué plus de 200.

Regain de popularité

À l’ère du numérique, le Pentax Auto 110 demeure l’un des plus petits appareils photo à objectifs interchangeables et, ironiquement, il est en train de connaître un regain de popularité. Le retour du film 110 n’est pas étranger à ceci, mais la raison principale est le nouvel engouement pour ses objectifs. Pendant près de trente ans on ne pouvait les utiliser qu’avec l’Auto 110, mais l’arrivée des appareils sans miroir a changé la donne. Puisque la distance focale de bride (distance entre la monture de l’objectif et le plan du capteur) est très courte sur ce type d’appareils, on peut y fixer ces objectifs à l’aide d’un adaptateur. Est-ce qu’un tel mariage vaut le coup ou n’est-ce rien de plus qu’une idée excentrique, voire carrément grotesque?

Il en résulte un boîtier avec une drôle d’allure. De plus, le piqué n’est pas des plus convaincants quand on le compare avec des optiques modernes. Cependant, si vous êtes de ceux pour qui la perfection est ennuyeuse et croyez que les défauts donnent de la personnalité, vous pourriez vous laisser charmer car les résultats sont mieux que ce à quoi on aurait pu s’attendre. L’ouverture demeure fixe et la mise au point est manuelle, mais chacun des trois objectifs du kit de base (18, 24 et 50 mm) couvre la surface d’un capteur APS bien que le vignettage soit apparent. Il ne faut pas oublier que le cercle-image de l’objectif était conçu pour le format 110 qui est, en vérité, beaucoup plus près du format d’un capteur Micro 4/3 (13 mm x 17,3 mm). Ça floute abondamment dans les coins, mais cette caractéristique plaira à qui aime utiliser des optiques alternatives.

Après tout, faire de la photo de rue sans trimballer de sac et pouvoir compter sur trois vrais objectifs à focale fixe enfouis dans le fond de sa poche, c’est bien plus sympa qu’un iPhone! Et vous, que vous raconte votre appareil?

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