Carte postale

C’est mon ado de quinze ans à l’époque qui avait ouvert le bal : « Papa, ça serait sympa si on faisait un road trip seulement tous les deux. » « Certainement! », lui avais-je répondu à une vitesse qui trahissait mon excès d’enthousiasme. Comme il s’était trouvé un travail pour l’été, nous avions convenu que sa prochaine fin de semaine inoccupée serait consacrée à notre aventure.

Question destination, nous songions à lancer une fléchette sur une carte à l’intérieur d’un rayon délimité, jusqu’à ce qu’il mentionne : « J’aimerais qu’on en profite pour faire de la photo de paysage. » « Bonne idée », répondis-je. Au lieu de choisir l’endroit au hasard, je lui ai proposé de nous rendre au parc national du Bic, qui n’est qu’à quelques heures de la maison. Vers la fin août, il m’informe qu’il est en congé pour la fin de semaine.

Je consacre donc mon vendredi soir à préparer deux kits photo. Pour le mien, je choisis principalement des objectifs de ma fabrication, dont un grand-angle que je viens de terminer et que ­j’utiliserai pour la première fois. Pour mon fils, je prépare l’ensemble du parfait photographe ­paysagiste : ultra grand-angle, trépied, déclencheur à distance et panoplie de filtres. 4 h 30, samedi matin. Nous entassons sacs à dos et sacs de couchage dans l’auto, puis nous partons.

Mon fils est en charge de la musique et nous roulons en bavardant de tout et de rien : le triangle d’exposition, le télescope James Webb, faire fructifier ses économies grâce à l’intérêt, etc. Je savoure ce moment qui fait partie des petits bonheurs de la vie. Juste avant d’arriver à destination, nous arrêtons à un supermarché pour nous ­procurer les quelques vivres nécessaires à la journée : noix, fruits, pain, beurre d’arachide, barres tendres. Le camping du Bic est toujours complet à cette période de l’année et, de toute façon, nous n’avons pas apporté de tente. Nous prévoyons donc prendre un vrai repas au restaurant en soirée avant de nous dégoter un motel pour la nuit. Mais voilà qu’à la guérite du parc on nous informe qu’un lot est disponible pour camper.

Le camping du Bic est toujours complet à cette période de l’année et, de toute façon, nous n’avons pas apporté de tente... Mais voilà qu’à la guérite du parc on nous informe qu’un lot est disponible pour camper.

 

Je n’ai qu’à croiser le regard de mon fils pour savoir que nous partageons la même pensée. « On le prend », dis-je. Les bancs de la voiture se replient et on peut survivre deux jours avec du beurre d’arachide, n’est-ce pas? C’est ainsi que j’ai passé 48 heures sur ce site enchanteur à respirer l’air ­salin, admirer le décor, bouger, rire, photographier, manger un peu n’importe quoi, dormir un peu n’importe comment et, surtout, me créer des souvenirs que je chérirai dans mes vieux jours. Tout ça… grâce à la photo de paysage!! Alors oui, la photo de paysage, c’est plus que de la carte postale! Et les images qui en résultent demandez-vous? Ni mauvaises ni bonnes, mais je crois que c’était secondaire.

 

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