Kodak Rainbow Hawk-Eye No. 2 Model C

On s’entend, l’appareil ne fait pas le ­photographe. Cependant il faut aussi admettre qu’il n’y a pas de photographe sans appareil et que certains boîtiers soulèvent les passions! C’est en partant de ce principe que je vous ­propose de faire un voyage dans le temps. Aujourd’hui : le ­Kodak Rainbow Hawk-Eye No. 2 Model C

CECI N’EST PAS UN BROWNIE

Au premier coup d’oeil on croirait que le ­Hawk-Eye No. 2 est un descendant direct du Kodak ­Brownie, cette boîte photographique mythique lancée en 1900 qui, rappelons-le, fut le premier appareil ­photo grand public. Malgré la consonance avec le nom de son concepteur, ce n’est pas du canadien Frank Brownell que le Brownie tire son nom. ­Celui-ci fait plutôt référence aux Brownies, créatures du folklore écossais, popularisées par le québécois Palmer Cox qui vécut aux États-Unis une partie de sa vie.

Photo de mon beau-père et son père prise en 1942 avec cet appareil.

CECI EST UN HAWK-EYE

Pour ce qui est du Hawk-Eye, ce n’est pas chez Eastman Kodak qu’on trouve ses origines. ­Voyez-vous, la marque était plutôt commercialisée par la Boston Camera Company. En 1890, cette dernière sera absorbée par la Blair Camera Co. qui, à son tour, deviendra une division de Kodak à la fin des années 1800. Jusqu’autour de 1906, la Blair Camera Co. fonctionnera malgré tout ­indépendamment de Kodak. Les premiers appareils Kodak étiquetés « Hawk-Eye » sont identiques à ceux que Blair produisaient. Cependant, on pouvait lire l’inscription suivante sur certains modèles dont le Kodak Stereo Hawk-Eye : Eastman Kodak Co. Successor to BLAIR CAMERA CO. Étrangement, ce n’est que plusieurs années plus tard que l’appellation Hawk-Eye apparaîtra dans un catalogue officiel de Kodak en Amérique du Nord même si, déjà en 1906, le Stereo ­Hawk-Eye était présent dans une brochure de Kodak France. Ceci pourrait suggérer qu’on avait réservé la marque au marché international, mais un ­catalogue datant de 1908/1909 d’un distributeur de Chicago, Sweet ­Wallach & Co. vient brouiller les cartes en ­proposant plusieurs modèles ­Hawk-Eye à sa clientèle. C’est en 1926 qu’on trouve pour la première fois le No. 2 Cartridge Hawk-Eye ­Model C dans un fascicule de Kodak. En 1931, C’est au tour du Rainbow Hawk-Eye No. 2 ­Model C de faire son entrée. Dans les faits, il s’agit somme toute d’un produit identique. Si vous ne ­discernez pas ­l’objectif à ménisque (une seule lentille ­convergente) de cet appareil à ouverture fixe, c’est qu’il est situé derrière l’obturateur qui lui, n’est composé de rien d’autre que d’une plaquette trouée, d’un ressort et d’un levier. Le mécanisme fonctionne dans un sens comme dans l’autre. D’où vient la nouvelle appellation « Rainbow »? Du ­simple fait qu’on le proposait dorénavant en cinq choix de couleur : vert, bleu, brun, rouge et noir.

 

Dans le catalogue printemps/été 1934 de Eaton’s, l’appareil est identifié seulement sous l’appellation « Hawk-Eye », l’illustration montre que c’est bel et bien du Hawk-Eye No. 2 Model C dont il s’agit. 1934 est probablement la dernière année où on pouvait se le procurer et il coûtait alors la modique somme de 0.98 $.

Ce n’est pas chez Eastman Kodak qu’on trouve ses origines. ­Voyez-vous, la marque était plutôt commercialisée par la Boston Camera Company.

 

50e ANNIVERSAIRE

En 1930 Eastman Kodak a utilisé un boîtier en tout point identique, si ce n’est de l’ajout d’une pastille sur le côté, pour commémorer son 50e ­anniversaire. En effet, en mai de cette année, l’entreprise a gratuitement offert environ 550 000 appareils (dont 50 000 pour le Canada) aux enfants qui ­célébreraient leur douzième anniversaire. Sur la publicité on lisait « Avez-vous un enfant né en 1918? Si oui, acceptez ce camera spécial d’anniversaire et ce rouleau de pellicules Kodak en cadeau… Rien a Acheter… Rien a Payer ».

Publicité parue le 19 avril 1930 dans Le Samedi, le magazine ­national des canadiens. Certains passages sont savoureux et ­Eastman a le mérite d’être franc sur ses intentions comme le ­suggèrent ces extraits. « Les éditeurs et les éducateurs disent que c’est le don public le plus extraordinaire dans l’histoire de ­l’industrie, car il est ouvertement fait pour bénéficier à la fois au donateur et au destinataire. » « Un moyen d’intéresser des millers d’autres enfants à la photographie d’amateurs et d’accentuer, parmi les générations futures, son importance déjà considérable. En effet, l’usage des produits Kodak augmentera à mesure que la photographie d’amateurs gagnera en popularité. »

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